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Avis sur le jeu Uncharted 3

J’ai joué à Uncharted 3 avec des sentiments mêlés. Je crois que je n’avais jamais vu un jeu qui présente une telle répulsion à l’idée d’être joué, qui haïsse à ce point l’idée d’avoir un joueur. Uncharted me fait l’effet d’un bonbon sucré. Un bonbon que j’aurai sucé avec un certain plaisir jusqu’à ce qu’il me recrache. Oui, j’ai été recraché par un bonbon. C’est cela Uncharted. 

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Il est amusant qu’un jeu qui s’appelle uncharted soit à ce point balisé. Évidemment, la première chose qui frappe lorsqu’on y joue est l’incroyable facilité du jeu. Il n’y a pas grand chose à faire sinon se couler dans les rails qui ont été prévus pour cela et appuyer à peu près au bon moment sur le bon bouton au bon endroit. Uncharted c’est ce jeu où l’on incarne un réticule qui doit suivre des points dans l’ordre indiqué par le développeur.

Entendons nous bien. J’ai apprécié cela. J’ai apprécié que le jeu ne me demande rien. Qu’il me fatigue si peu. Si j’ai mis Uncharted dans la playstation, c’est d’abord parce que je me traînais avec la fièvre à la maison et que je n’étais bon à rien. « A sucer des poires belle-hélène, les mains pleines de confiture, je suis fier de ne rien faire, fier de ne savoir rien faire », dit la chanson. Je suis sincèrement reconnaissant au jeu d’avoir accompagné ce désir là.

 

Je crois que l’on pourrait classer les jeux en fonction des positions corporelles qu’ils exigent : jeux où l’on se penche en avant, jeux où on se laisse aller en arrière. Uncharted est au plus haut point un jeu de l’arrière, un jeu de canapé, un jeu qui va si bien avec le genre d’attention diffuse que produit le téléviseur. Les choses glissent sans profondeur ni passion, sans jamais exiger la moindre réflexion sur ce que l’on voit ; comme si cela allait de soi, comme s’il n’y avait pas de médium. Une immersion périphérique, par enveloppement, plutôt que par une plongée active dans les choses à l’écran comme j’y suis habitué.

 

Je ne peux pas dire que cela soit désagréable. Uncharted est sucré comme ces fraises haribo que l’on picore sans même se rendre compte que l’on s’est enfilé tout le paquet. Il y a parfois des effluves qui nous renvoient à une pincée de nostalgie. Parfois le sentiment de retrouver quelque chose des vieux point&click Indiana Jones et cela fait du bien.

Et puis il y a ces moments où le jeu trahit son propre régime. Dès que l’on quitte les phases d’exploration ou d’énigmes pour les phases de tir. Qui relèvent pour moi de la corvée pure et simple. Sans doute parce que je ne peux les concevoir sans ressentir l’écart avec le modèle du FPS sur PC. Je suppose que si l’on n’a pas ce modèle, elles doivent glisser comme le reste. Mais là où le FPS procure une forme de maîtrise millimétrée, le jeu au pad est un enfer. Bien sûr, tout a été ménagé pour que là encore cela soit facile. Mais facile ne veut pas dire gratifiant quand tout est si décalé par rapport à mes attentes, quand tout est si dénué de toute élégance. Alors je finis par donner des coups de poing plutôt que de tirer avec les armes. De toute façon, le personnage est quasiment invulnérable…

C’est à ce point que le bonbon me recrache. Je sens que ce jeu qui avait déjà à ce point restreint mes interactions, déjà à ce point limité au plus strict minimum ce que je pouvais faire, ce jeu qui n’avait pas tellement besoin de moi perd patience.

Il me parle, il m’insulte : « alors, connard, tu n’es même pas foutu de gagner ce combat. Pauvre type, je te demande si peu et de cela tu n’es même pas capable ». C’est vrai. Depuis le début, ce jeu me déteste. Ce jeu déteste son joueur, déteste l’idée qu’il puisse être joué. Alors, il circonscrit au maximum l’action du débile, de ce parasite qui risque de tout foutre en l’air. Mais le joueur continue à tout foutre en l’air. Il est toujours trop mauvais pour un jeu qui – il le sent bien – se déroulerait mieux sans lui. Ah si j’étais tout seul dit le jeu, je serai enfin ce que je rêve d’être, du cinéma de seconde zone.

« Alors dégage » que le jeu me dit. « Alors dégage » que je lui dis. All game et no play. Précisément la chose la plus haïssable et la plus idéologique du monde. Ici, sucrée.

 

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